Deux évènements récents nous ont rappelé que la prostitution était une catégorie trouble, objet de préjugés, de fantasmes, d’émotions et de non-dits.
On peut se remémorer tout d’abord le tollé provoqué en 2015 par la sortie au Maroc du film Much Loved qui racontait le quotidien de quatre prostituées à Marrakech. Le film a été interdit, l’une des actrices a été agressée et son réalisateur a reçu des menaces de mort. Quand on lui demandait trois ans plus tard pourquoi selon lui le film avait provoqué un tel déferlement de haine, Nabil Ayouch répondait dans les colonnes du journal Le Monde[1] : « Parce qu’il présente une sorte d’anthropologie inversée : si j’avais construit des personnages féminins harcelés, dominés, battus, il n’y aurait pas eu de réaction. Mais j’ai construit des personnages féminins qui ont pris le pouvoir, des femmes fortes et indépendantes. Surtout, c’est une blessure narcissique. On se focalise toujours sur ce que vont penser les autres de nous. Le problème n’est pas la prostitution mais de faire un film qui en parle. Il faut arrêter de se poser cette question car elle est paralysante. Nous ne sommes ni meilleurs, ni pires que les autres. »
Plus récemment, la déprogrammation la veille de son vernissage pour des motifs obscurs de l’exposition « Bousbir : Images et récits de l’ancien quartier réservé de Casablanca, 1923-2021 », qui devait se tenir du 11 novembre 2021 au 28 janvier 2022 à la Villa des Arts de Casablanca, a mis en lumière que le sujet restait toujours sensible. Raconter le passé de Bousbir, c’est faire resurgir d’une certaine manière le spectre de l’histoire coloniale du Maroc et remettre sur le devant de la scène la question de la prostitution dans le contexte actuel.
Prostitution et protectorat : l’exemple du quartier réservé de Bousbir
Construit en 1923 par des architectes français dans un style néo-mauresque, le quartier de Bousbir fut jusqu’en 1955 une immense maison close à ciel ouvert dans un décor tiré des Mille et une nuits et l’attraction touristique principale de Casablanca pendant cette période. L’administration du Protectorat voulait par cette opération urbaine sans précédent « nettoyer » Casablanca et encadrer le travail du sexe dans la ville.
Le quartier était géré par les autorités coloniales françaises et était considéré comme un moyen de contrôler la prostitution et les maladies sexuellement transmissibles. Les femmes qui travaillaient dans ce quartier étaient principalement des Marocaines, bien que des femmes d'autres nationalités puissent également y être présentes. Ces femmes étaient souvent issues de milieux défavorisés et marginalisés, et la prostitution était souvent perçue comme un moyen de survie.
Bousbir était divisé en différentes sections et les maisons closes étaient réglementées et contrôlées par les autorités. Les femmes étaient soumises à des examens médicaux réguliers et devaient respecter certaines règles[2]. Les clients, quant à eux, devaient payer des tarifs fixés et étaient également soumis à des contrôles sanitaires. Cependant, le quartier réservé de Bousbir a été critiqué pour son exploitation des femmes et pour la perpétuation des inégalités sociales et économiques. Les prostituées étaient souvent stigmatisées et marginalisées, et leur travail était considéré comme immoral et contraire à la morale religieuse marocaine.
Tanger et le phantasme occidental
Narrer l’histoire de la prostitution au Maroc ne peut pas faire l’impasse sur Tanger, tant son histoire est associée à la prostitution dans l’imaginaire occidental. En raison de sa position géographique stratégique et de son passé cosmopolite et internationale, la ville portuaire du nord a souvent été considérée comme un lieu de rencontre pour différentes cultures et influences, mais c’est aussi un lieu de passage, de migrations croisées entre Européens et Marocains. Son statut de zone internationale au cours du 19e et du début du 20e siècle a attiré de nombreux étrangers, notamment des diplomates, des artistes et des voyageurs. La ville est devenue célèbre pour sa vie nocturne animée, avec des cafés, des clubs et des maisons closes qui attiraient une clientèle internationale.
La période de l'entre-deux-guerres, en particulier, a vu l'essor de la prostitution à Tanger. La ville était considérée comme un lieu de débauche et de plaisir pour les Européens, notamment les Espagnols et les Français. Des quartiers comme la rue d'Angleterre et le quartier de Marshan étaient connus pour leur activité de prostitution. Avec l'établissement du protectorat français et espagnol au Maroc au début du 20e siècle, la prostitution à Tanger a été réglementée et encadrée par les autorités coloniales. Des quartiers réservés, similaires à celui de Bousbir à Casablanca, ont été établis pour contrôler l'activité et éviter la propagation des maladies sexuellement transmissibles.
Après l'indépendance du Maroc en 1956, la prostitution à Tanger et dans le reste du pays est devenue interdite[3]. Les autorités marocaines ont adopté une approche répressive envers la prostitution, la considérant comme une activité illégale et contraire aux valeurs religieuses et culturelles marocaines.
Politique réglementariste versus régime prohibitionniste
Les autorités du Protectorat considéraient la prostitution comme un fait inévitable qu’il convenait d’encadrer et d’organiser afin de le contrôler. A l’indépendance, c’est un tout autre choix qui est fait avec l’instauration d’un régime prohibitionniste qui, comme son nom l’indique, interdit et condamne toute la chaîne prostitutionnelle : prostituées, clients et proxénètes. Pendant longtemps, le code pénal marocain dans sa section VII « De la corruption de la jeunesse et de la prostitution » considérait l'acte de se livrer à la prostitution ou de solliciter des services sexuels en échange d'argent comme une infraction pénale. L'exploitation de la prostitution était également illégale.
Plusieurs lois de réforme du code pénal, notamment la loi n° 24-03 de 2003[4], ont dépénalisé l’acte de prostitution tant pour les personnes qui se prostituent que pour les clients. Par contre, ils sont passibles d’un mois à un an de prison pour avoir eu des relations sexuelles sans être liés par le mariage (pour les personnes hétérosexuelles)[5]. Les activités liées à la prostitution (proxénétisme, connaissance de son existence, publicité, etc.) sont passibles elles aussi de peines allant d’un à dix ans de prison pour l'exploitation sexuelle des adultes, de deux à dix ans pour la prostitution enfantine. Les peines peuvent être portées à 20 ans de prison en cas d’association de malfaiteurs et à la prison à perpétuité s’il y a eu utilisation de la torture.
De son côté, la prostitution masculine est interdite du fait que l’homosexualité est illégale au Maroc. D’après le Code pénal[6], les personnes homosexuelles sont passibles de six mois à trois ans de prison. D’autre part, le Maroc a adopté en septembre 2016 la loi n°27-14 relative à la lutte contre la traite des êtres humains[7]. Les principales mesures de cette loi ont ensuite été intégrées au code pénal. L’exploitation sexuelle y est définie comme « toutes les formes d’exploitation sexuelle, et notamment l’exploitation de la prostitution (…) l’exploitation (…) de la pornographie, y compris par les moyens de communication informatique ». Les peines vont de 5 à 30 ans de prison mais la législation ne prévoit pas de peines autres que celles s’appliquant à la traite des êtres humains en général.
La pratique juvénile du « sortir » (khrij)
L’anthropologue Mériam Cheikh[8] articule la prostitution et le divertissement au Maroc à partir d’une ethnographie menée entre 2008 et 2015 auprès d’un groupe de jeunes filles à Tanger pratiquant des transactions sexuelles. L’intérêt de sa recherche est de dépasser une vision passive et inactive des filles en montrant leurs envies de se divertir dans une société où elles sont stigmatisées, et leur souhait de s’autonomiser pour répondre aux besoins familiaux et se sentir exister. En évoquant les trajectoires de filles qui correspondent à des vies ordinaires, via une approche non normative de la prostitution et des sexualités non normées, elle démontre que les seuls registres de la déviance, de la transgression et de la marginalité ne traduisent pas le réel et le vécu des filles.
Dans ses recherches, Mériam Cheikh interroge l’intégration sociale et les « devenirs adultes » de ces jeunes filles appartenant aux classes populaires, en articulation avec les transformations socio-économiques et politiques du Maroc et de la ville de Tanger. Elle décrit l’apprentissage culturel des rapports intimes et sexuels et la façon dont ces jeunes filles apprennent à maîtriser l’outil de l’échange monétaire pour négocier des services sexuels, dans le cadre de rapports de genre inégalitaires. Elle expose d’autre part les rapports économiques, sexuels et intimes qui se développent entre des hommes de la diaspora marocaine qui vont ou reviennent au Maroc et des jeunes femmes engagées dans la prostitution ou le « sortir » (khrij), pour reprendre les termes locaux.
Le « sortir » est devenue une pratique juvénile courante qui, dans un contexte de précarisation et de crise d’insertion des jeunes urbains au Maroc, met en évidence des opérations de construction individuelles : élaboration et conversion de la sexualité en capital, apprentissage économique des rapports de genre et de l’ordre sexuel, formation de son identité juvénile. Au-delà de la prostitution et de la déviance, le « sortir » reflète et participe, à l’instar d’autres cultures formées par la jeunesse urbaine marocaine, au processus de transformation intime de tout ce qui a trait à la sphère sexuelle à l’œuvre depuis plusieurs décennies au Maroc. Comme le souligne Mériam Cheikh, « ce processus concerne notamment la transition de conventions en vigueur dans la sphère intime, centrées sur le mariage, vers un système de mise en couple où priment l’autonomie juvénile et la gestion individuelle de la construction de son devenir intime et sexuel, ainsi que l’émancipation progressive des principes de virginité et de chasteté ».
Tourisme sexuel et économie de la prostitution
« Les beaux jours sont de retour à Marrakech » titrait le journal l’Economiste dans son édition du 2 mars 2023 où l’on pouvait encore lire dans ses colonnes que « Marrakech cartonne et continue de jouir d’un capital émotionnel extraordinaire avec une empreinte dépassant parfois de grandes destinations mondiales. Il suffit de voir l’engouement que la ville suscite lors des vacances scolaires européennes, marocaines ou encore les fêtes de fin d’année ». Et il est vrai qu’avec 2 millions d’arrivées touristiques en 2022 malgré 4 mois perdus en raison de la fermeture des frontières et des contraintes sanitaires, la ville ocre a su repartir de plus belle dans le concert du tourisme mondial.
Si ‘’kech’’ ne manque pas d’atouts touristiques avec la place Jemaa-el-fna, le minaret de la Koutoubia, le jardin Majorelle ou encore ses onze golfs s’étirant au pied des montagnes de l’Atlas, la ville est aussi connue dans le monde entier pour ses plaisirs charnels. Et il y en a pour tous les goûts et pour toutes les bourses. Des discothèques chics du quartier de l’hivernage aux cabarets miteux de la rue de Yougoslavie, les nuits marrakchis attirent aussi bien les touristes étrangers que les nationaux avides de sexe tarifé.
Malgré les démentis récurrents des autorités marocaines, l’industrie du sexe à Marrakech est prospère et tolérée. L’économie des amours tarifés permet à tout un écosystème d’acteurs de la nuit de bénéficier d’un peu de cette manne : tenanciers de bars et de clubs, videurs, taxis, policiers, loueurs d’appartements. Les filles, souvent très jeunes, y affluent de toutes les régions du Maroc fuyant une vie sans promesse de jours meilleurs. Dans un marché du travail où les opportunités sont rares, la prostitution reste le moyen le plus accessible pour gagner de quoi survivre malgré les déviances et l’agressivité parfois des clients.
Cyber-prostitution
La crise sanitaire du Covid-19 et ses mesures restrictives ont modifié substantiellement le marché du sexe au Maroc avec la fermeture des frontières et la baisse drastique de la fréquentation touristique, mais aussi les fermetures régulières des bars et discothèques, laissant peu de place pour les rencontres. Dans ce contexte, les réseaux sociaux et les applications de rencontres sont devenus les nouveaux outils du marché prostitutionnel, permettant à ce dernier de trouver un relais de croissance où l’offre et la demande abondent.
Les applications de rencontre, dont la plus connue est Tinder, permettent à de jeunes marocaines -et dans une moindre mesure à de jeunes marocains- de présenter et proposer des services sexuels tarifés dans toutes les grandes villes du Royaume, sous le code PP (Plan Payant). Avec la crise économique qui a suivie celle du Covid-19, la prostitution est devenue pour de nombreux jeunes un moyen de subsistance face au rétrécissement du marché du travail. Quand elles ne proposent pas des rencontres physiques, des jeunes filles publient des stories et vidéos exhibant leurs attributs sur les réseaux sociaux, -comme Instagram, Tik Tok ou You Tube-, en se rémunérant sur les revenus issus du nombre de vues et en prospectant de nouveaux clients.
Traite sexuelle et migration internationale
Parler de la prostitution dans le Maroc d’aujourd’hui ne peut pas faire l’impasse sur les liens existants avec le phénomène migratoire et la traite des êtres humains. Pays traditionnel d’émigration, le Maroc est devenu depuis deux décennies du fait de sa situation stratégique, le long de la route de la Méditerranée occidentale, entre l’Afrique et l’Europe, un pays de transit et d’accueil d’immigrés et de réfugiés en provenance notamment de pays d’Afrique Subsaharienne (Sénégal, Cameroun, Côte d'Ivoire, Guinée, Mali, Nigéria, etc.) et du Moyen-Orient (Syrie notamment et Soudan dernièrement).
Dans son dernier rapport annuel sur la traite des personnes[9], le département d’Etat américain pointait du doigt les risques de traite encourus par les personnes migrantes dans le nord du Maroc sur la côte méditerranéenne (notamment à proximité des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla) qui constitue l’un des principaux points de sortie du territoire à destination de l’Espagne. Le rapport soulignait que des réseaux criminels opérant à Oujda, à la frontière algérienne et dans les villes côtières du nord, telles que Nador, exploitaient les femmes migrantes sans papiers dans le trafic sexuel et la mendicité forcée. Des réseaux nigérians bien établis, travaillant avec des éléments criminels marocains, exploiteraient principalement des Nigérianes dans le cadre de la traite sexuelle et garderaient le contrôle de ces victimes lorsqu'elles arrivent en Europe.
Mais la traite des êtres humains ne concerne pas uniquement des personnes migrantes étrangères sur le territoire marocain, elle concerne aussi des marocains et marocaines installés à l’étranger, principalement dans les pays du Golfe. Plusieurs rapports d’organisations internationales évoquent en effet des cas de traite sexuelle de femmes de nationalité marocaine dans ces pays[10]. Plusieurs évènements ont d’ailleurs fait grand bruit dans la presse nationale et l’opinion publique rappelant les stigmates et stéréotypes dont sont parfois victimes les femmes marocaines : la « campagne anti-Marocaines voleuses de maris nationaux » que des Saoudiennes ont menée en 2016 ; les mobilisations autour d’une série koweitienne sur « les Marocaines » suscitant la colère de Marocains sur les réseaux sociaux et qui a été suivie d’excuses officielles présentées par le ministre koweitien des Affaires étrangères ; l’intervention du Premier ministre marocain contre les mesures prises par les autorités saoudiennes pour limiter l’âge minimum des Marocaines souhaitant effectuer un voyage religieux en Arabie Saoudite, sous prétexte de « prévenir la prostitution »[11].
Mondialisation et industrialisation du commerce sexuel
La traite sexuelle des femmes, migrantes subsahariennes au Maroc ou marocaines dans les pays du Golfe, participe en définitive au même phénomène de marchandisation des êtres humains accentuée par la mondialisation néolibérale en cours, qui paupérise et fragilise les populations les plus vulnérables, et plus particulièrement les femmes et les enfants. Avec l’avènement des nouvelles technologies et du tourisme de masse, la prostitution n’a plus de frontières et est devenu transnationale. Les gains engendrés par cette industrie sont colossaux[12]. Elle reste une des activités les plus rentables au monde et la clientèle internationale ne cesse de s’accroître.
La paupérisation de nombreuses régions du globe a créé les conditions propices à toutes les formes de trafic, de traite et de prostitution d’êtres humains. Les plus touchés sont les pays du Sud, et le Maroc ne fait pas exception, comme le constate le sociologue canadien Richard Poulin : « À l’échelle de ces régions, le bouleversement des structures sociales dû au triomphe de l’économie capitaliste néolibérale affecte grandement les zones rurales, pousse aux migrations vers les villes, favorise l’économie informelle, notamment les industries du sexe, et les déstructurations sociales. De même, l’extension de l’économie de marché et la croissance des inégalités sociales, renforcées par les plans d’ajustement structurel, les endettements importants des États ainsi que la financiarisation de l’économie sont loin d’exclure ou de marginaliser ses victimes. La mondialisation tire même avantage à ‘’les produire’’ pour son plus grand profit. Les laissés-pour-compte, largement des femmes et des enfants, sont en réalité la source des rentes les plus fortes de l’économie mondialisée »[13].
Normalisation de la prostitution et liberté individuelle
Avec le triomphe des valeurs libérales dans le processus actuel de la mondialisation, le sexe tarifé a connu, dans les dernières décennies, une normalisation. La soumission aux règles du marché et aux lois libérales contractuelles d’échange a entrainé une acceptation de plus en plus étendue de la prostitution. Elle est désormais, pour un nombre important d’États, un « métier comme un autre », un simple « travail du sexe » et même un « droit » ou une « liberté ». Depuis le début du nouveau millénaire, un certain nombre d’États ont en effet réglementé la prostitution (les Pays-Bas, l’Allemagne, la Suisse, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, etc.).
En France, suivant ce mouvement de normalisation, GenerationLibre, le think-tank libéral du philosophe Gaspard Koening, a publié en juin dernier un rapport plaidant pour la professionnalisation de la prostitution. Ce rapport imagine plusieurs formes juridiques pour encadrer le travail. La première est le « contrat de prestation de service sexuel » qui étend le statut de profession libérale aux travailleurs et travailleuses du sexe. La seconde est le salariat, exercé en CDD ou CDI, ou sous la forme de « chèque emploi service sexuel ». Les auteurs du rapport font valoir que cela ouvrirait les protections liées à l'emploi (santé, retraites…) à ceux qui les exercent, tout en les plaçant sous le bouclier du droit du travail et du droit du commerce.
Dans une société conservatrice et puritaine, telle que la société marocaine, où tout changement sociétal est le résultat d’un long processus d’équilibre et de concertation, la normalisation de la prostitution n’est pas à l’ordre du jour et il est fort à parier que le nouveau code pénal conserve le caractère répressif de l’encadrement de cette pratique. Toutefois, la reconnaissance des libertés individuelles comme socle d’un Etat de droit progresse à petits pas, comme en témoigne un récent ouvrage d’intellectuels marocains qui réclame des réajustements au niveau du code pénal et du code de la famille, « pour accompagner l’évolution de la société marocaine notamment en ce qui concerne les valeurs fondamentales et individuelles »[14].
[1] « L’interdiction de “Much Loved” reste une blessure », 14 mars 2018, lemonde.fr.
[2] Les prostituées étaient notamment soignées des maladies vénériennes dans les dispensaires du quartier tenus par les autorités et elles ne pouvaient quitter le quartier qu’avec l’autorisation de la police. Cf. l’enquête des médecins Jean Mathieu et P-H Maury de 1951 qui fut à la base de la fermeture de Bousbir, reprise dans l’ouvrage de Abdelmajid Arrif, « Bousbir, la prostitution dans le Maroc colonial, ethnographie d'un quartier réservé », éditions La Croisée des chemins, Casablanca, 2003.
[3] Si la prostitution n’était pas explicitement illégale dans le code pénal de 1953, certaines activités liées à la prostitution, telles que le racolage ou le proxénétisme, pouvaient être poursuivies en vertu d’autres articles du code pénal.
[4] Loi n° 24-03 modifiant et complétant le code pénal, promulguée par le dahir n° 1-03-207 du 16 ramadan 1424 (11 novembre 2003). Bulletin Officiel n° 5178 du 22 kaada 1424 (15 janvier 2004), p. 114.
[5] Version consolidée du code pénal du 5 juillet 2018. Au moment de l’écriture de cet article, la nouvelle réforme du code pénal tant attendu n’avait toujours pas abouti.
[6] Idem.
[7] Dahir n°1-16-127 du 21 Kaada 1437 (25 août 2016) portant promulgation de la loi n°27-14, Bulletin officiel n° 6526 du 15 décembre 2016.
[8] Maîtresse de conférences à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), sa thèse de doctorat soutenue à l’Université Libre de Bruxelles a donné lieu à l’ouvrage Les filles qui sortent. Jeunesse, sexualité et prostitution au Maroc (2020).
[9] Trafficking in persons report, United States department of state, Publication office to monitor and combat trafficking in persons, July 2022.
[10] Voir par exemple le rapport ONUDC, Global Report on Trafficking in Persons 2022.
[11] Sur ce sujet, se référer à l’article de Chadia Arab et Nasima Moujoud : « Le stigmate de « Marocaine » à Dubaï. Les résistances des migrantes à l’épreuve de l’intersectionnalité », Migrations Société, vol. 173, no. 3, 2018, pp. 99-114.
[12] Selon différentes sources, les revenus de la prostitution avoisineraient les 100 milliards d’euros par année au niveau mondial.
[13] Richard Poulin, “Quinze thèses sur le capitalisme et le système prostitutionnel mondial”. Éditorial. Un article publié dans la revue Alternatives Sud, vol. 12, no 3, automne 2005, pp. 7-29. “Éditorial”. Numéro intitulé : “Prostitution, la mondialisation incarnée.”
[14] Libertés fondamentales, ouvrage collectif (Asma Lamrabet, Driss Benhima, Yasmina Baddou, Jalil Benabbes Taarji, Khadija El Amrani, Chafik Chraïbi, Monique Elgrichi, Mohamed Gaizi), avril 2023.